Camille naît à Fère-en-Tardenois le 8 décembre 1864. Soeur de l'écrivain et diplomate Paul Claudel, elle passe une partie de son enfance à Villeneuve-sur-Fère. Très tôt convaincue de sa vocation de sculptrice, elle s'installe à Paris à l'âge de dix-sept ans.
Camille entre à l'Académie Colarossi et y a pour maîtres d'abord Alfred Boucher, puis Auguste Rodin. C'est de cette époque que datent les premières œuvres qui nous sont connues : La Vieille Hélène ou Paul à treize ans. Rodin, impressionné par la solidité de son travail, la fait entrer comme praticienne à son atelier de la rue de l'Université en 1885.
Néanmoins, Camille Claudel ne trouve pas le bonheur. Ayant quitté sa famille pour l'amour de Rodin elle se heurte au refus de ce dernier de quitter Rose Beuret, sa compagne, pour se faire épouser et d'autre part, souhaite faire carrière et ne pas rester dans l’ombre du maître.
La jeune femme tente de s’éloigner, « de ne plus faire du Rodin». Des œuvres comme La Valse, témoignent de cette tentative d'autonomie (1890-94). Cette mise à distance avec Rodin va jusqu'à la rupture définitive en 1898.
La sculptrice s'installe alors 19 quai Bourbon à Paris et poursuit sa quête artistique dans une grande solitude malgré l'appui de nombreux mécènes et critiques. Même Rodin, sous un nom d’emprunt, lui vient financièrement en aide, chaque fois qu’il est averti de sa détresse, comme le révèlent les archives du musée Rodin.
Mais l’état de santé de la jeune femme s’aggrave: troublée et désorientée, Camille Claudel finit par vouer à Rodin un amour-haine qui la mènera à la paranoïa et à l'enfermement psychiatrique.
Le père de Camille, son seul appui, meurt le 3 mars 1913. Après sa mort, les autres membres de sa famille lui refusent tout soutien. Camille est déclarée aliénée par sa mère qui cherche à protéger la réputation de la famille. « Qu’elle se fasse oublier, c’est tout ce qui peut arriver de mieux.» Camille Claudel est internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à l'hôpital de Montdevergues, près d'Avignon. Malgré l’amélioration de son état de santé et ses nombreuses suppliques pour pouvoir retourner à la maison, elle y meurt trente ans plus tard, le 19 octobre 1943.
Camille Claudel n’est pas morte de vieillesse, ni même de folie, mais de la malnutrition qui sévit dans les hôpitaux psychiatriques sous l’Occupation et de l’abandon où l’a laissée sa famille.
Source:
● Jean-Paul Morel: Camille Claudel une mise au tombeau, octobre 2009.