Née le 11 avril 1907 à Kopstal, Marie Weynand épouse Ferdy Rausch en 1926. Deux enfants naissent de ce mariage, une fille, Yvonne née en 1927 suivie d’un fils, Francis, né en 1931. Ensemble ils vont vivre à Differdange où ils exploitent une boulangerie florissante dans la rue de la montagne, numéro 32. Pouvaient-ils imaginer, rien qu’un instant, que quarante ans plus tard, au croisement de cette rue, le mémorial national de l’évasion en honneur des passeurs et filiéristes serait inauguré?
Ses petites-filles Christiane Rausch et Mim Feitler se rappellent particulièrement de la prévenance, de l’hospitalité et de la générosité exemplaire de Marie Weynand. Très chrétienne, leur grand-mère incarne la compassion pour autrui. Après l’éclatement de la deuxième guerre mondiale, le couple Rausch-Weynand, extrêmement courageux, décide de défier l’occupant allemand en venant en aide à un très grand nombre de personnes en détresse, en dépit du contrôle alimentaire. Le métier de boulanger leur permet de venir en aide aux plus démunis et affamés. Ainsi pendant des mois, un prêtre français obtient du pain des Rausch pour nourrir des réfugiés et réfractaires français, près de la frontière, à Thil. Aussi la famille Rausch ouvre leur maison aux réfractaires et les enfants Yvonne et Francis ne savent souvent pas qui occupera leur lit pendant la nuit. Marie Rausch aide à organiser un mouvement de filière, qui fait passer des lettres et des paquets par Lasauvage. Quelque temps après, elle se rallie au mouvement de la résistance LRL.
En devenant «Karteiverweigerer» Marie et Ferdy Rausch-Weynand se placent dans la ligne de mire de la Gestapo. Un indicateur, déguisé en mendiant, trahit Marie Rausch-Weynand, qui est arrêtée pour avoir donné du pain à des étrangers sans cartes alimentaires. Sa réponse au fonctionnaire de la Gestapo est pertinente: «J'ai reçu une éducation catholique et j'aide tous ceux qui sont dans le besoin. Ce que je distribue comme aide, je l'économise personnellement de ma bouche. Je n'aurais pas hésité à vous donner un morceau de pain si vous me l'aviez demandé dans le besoin.». Son franc-parler lui vaut un avertissement.
En 1944, Marie et Ferdy sont arrêtés une deuxième fois. Un long calvaire commence pour les époux qui sont séparés: Ferdy est envoyé au camp de concentration de Mauthausen tandis que Marie est emprisonnée, d’abord au Stad-Grund, ensuite à Wittlich, ensemble avec Adeline Tidick et l’institutrice Trini Trompers. C’est par un pur hasard que les prisonnières prennent connaissance de leurs dossiers, dans lesquels les autorités prévoient leur transfert à Torgau avec la remarque «Endstation». Heureusement, grâce à l’aide d’un membre de l’administration pénitentiaire, leurs dossiers sont manipulés, un acte courageux qui leur a certainement sauvé la vie.
Le 6 avril 1945, la joie est inimaginable quand Marie Rausch-Weynand retourne de sa déportation pour retrouver ses enfants chez des parents à Kopstal.
A l’âge de seulement 58 ans, Marie Rausch-Weynand décède le 23 février en 1965. La Croix de la Résistance lui est décernée à titre posthume.
Sources:
● Le CNFL remercie vivement Mesdames Christiane Rausch et Mim Feitler, petites-filles de Marie Rausch-Weynand, d’avoir mis à disposition ces informations.
● Néckel Kremer: Aus dunkler Zeit, Imprimerie Heintz, 1993 pp.240-244.
● Luxemburger Wort du 6 avril 1945.
● Centre de Documentation et de Recherche sur la Résistance (CDRR).