La famille de Rosalind Elsie Franklin, née le 25 juillet 1920 à Londres, fait partie des familles les plus influentes de la société juive britannique. Son père, Ellis Franklin, est membre associé dans la banque Keysers. Sa mère est Muriel Frances Waley. Rosalind est la fille aînée et le deuxième enfant de la famille de cinq enfants. A l’âge de six ans, elle se distingue par son intelligence surtout en arithmétique. A la naissance de sa sœur Jenifer, Rosalind, contre son gré, est envoyée dans un internat. La fillette âgée de neuf ans, très ambitieuse, cherche à devenir la meilleure en classe.
Rebelle, têtue et taquineuse Rosalind décide d’étudier les sciences naturelles. Elle travaille dur pour des tests d’admission et décroche une bourse pour aller à l’université de Cambridge. Moins fière d’avoir obtenu la bourse, la studieuse se réjouit plutôt du fait d’avoir été la meilleure. Après l'obtention d'un doctorat en chimie physique en 1945, elle travaille en France de 1947 à 1950 au Laboratoire central des services chimiques de l'État, sous la direction de Jacques Mering, où elle apprend les techniques de diffractométrie de rayons X.
Sur le plan professionnel, Rosalind Franklin est brillante et se fait vite une renommée par le biais de ses nombreuses publications. Cependant sur le plan relationnel, la jeune femme est parfois mal vue par ses pairs: sûre d’elle, irritable et très directe, elle ne fait pas l’unanimité. Sa vie sentimentale en souffre et elle reste célibataire toute sa vie.
Francophile, elle adore sa vie à Paris. Et lorsque le King’s College à Londres lui offre un emploi dans le cadre de recherches dans le domaine de la biologie physique, Rosalind accepte avec beaucoup d’hésitations. La radiologue et spécialiste en microstructure des charbons, n’ayant pas encore travaillé dans ce domaine, redoute de retourner en Angleterre et avoue dans une lettre à son frère: « ich kann nicht glauben, dass ich hier (Paris) […] weggehe, aber ich bin mir sicher, es war der grösste Fehler meines Lebens ».
L’équipe de recherche composé par le biophysicien Maurice Wilkins, les chercheurs Francis Crick et James B.Watson et Rosalind Franklin, se concentre sur l’analyse de la structure de l’ADN. Mais l’entente entre les confrères masculins et elle-même n’est pas bonne et ses collègues la surnomment la « Dark Lady » craignant ses sautes d’humeur. Le célèbre cliché N°51 de l’ADN, pris par Rosalind Franklin apporte finalement à Watson la certitude que l’ADN est de forme hélicoïdale. Sans connaître cette découverte, la scientifique quitte le Kings’College pour rejoindre le Birkbeck College en 1953. Les scientifiques publient leur découverte, en laissant délibérément à l’ombre l’apport important de Rosalind Franklin dans ces recherches.
Elle meurt prématurément en 1958 d'un cancer de l'ovaire, probablement lié à la surexposition aux radiations.
En 1962, quand le prix Nobel de physiologie et de médecine est décerné à Wilkins, Watson et Crick, le nom de Rosalind Franklin n’est pas mentionné. Dix ans après la mort de la scientifique, James Watson, dans son livre La Double Hélice, minimisera le rôle de Rosalind Franklin, ce qui lui sera reproché. Depuis la publication du livre de Watson en 1968, elle est devenue une icône féministe, « la femme dont le génie a été sacrifié au nom de la gloire supérieure des hommes. »
Sources:
● Florence Montreynaud: Le XXe siècle des femmes, Editions Nathan, Paris 1995, pages 408-409.
● Brenda Maddox: Rosalind Franklin. Die Entdeckung der DNA oder der Kampf einer Frau um wissenschaftliche Anerkennung, Campus Verlag, 2002.