Née le 28 mai 1915 à Canach, Valérie commence ses études à l’école des sages-femmes dans l’«Al Maternité», jadis la «Reiterkaserne», à Luxembourg-Pfaffenthal, et en ressort diplômée le 7 mars 1936. Après avoir assisté à l’accouchement de 424 femmes au Pfaffenthal, Valérie quitte l’établissement en 1937 pour s’installer à Bettembourg. Jusqu’en 1952, cette sage-femme se rendra tantôt à pied, tantôt à bicyclette, au domicile des femmes enceintes pour les aider à accoucher.
Au quotidien, Valérie doit également assurer son rôle d’épouse et de maman. Le 11 avril 1939, elle épouse le cheminot Jean-Pierre Strecker, qui décédera après 13 ans de mariage. Deux enfants naîtront de cette union. Ce sont ces derniers qui nous racontent aujourd’hui comment leur mère accueillait, à partir de 1953, les futures mamans à son domicile, transformé en maternité privée. Six patientes pouvaient être hébergées en même temps au 20 rue Auguste Collart, une maison qui fut vite baptisée «Maison Strecker, maternité privée». «Dans les journaux, les avis de naissance mentionnaient ce lieu, il était connu de tous», se souviennent Robert et Jeanne Strecker, qui résident aujourd’hui encore dans la commune.
De son enfance dans cette maternité privée, Jeanne garde de nombreux souvenirs. «Enfant, ça ne nous plaisait pas énormément. Chaque fois qu’on sortait, ma mère recroisait les bébés qu’elle avait accouchés, discutait avec leur mère, on ne pouvait faire un pas sans qu’elle rencontre quelqu’un qui la connaisse, ça nous énervait mon frère et moi», raconte-t-elle en rigolant. Jusqu’en 1973, 1 274 enfants voient ainsi le jour rue Collart. «Ma mère adorait son travail. Elle était autorisée à prendre en charge une femme dès sa grossesse, lors de son accouchement puis après la mise au monde de son enfant. Elle surveillait donc la grossesse, diagnostiquait une anomalie, aidait les femmes durant leur accouchement et les soignait par la suite. Chaque patiente quittait notre maison en bonne santé et ma mère aimait toujours autant entendre le premier cri d’un nouveau-né», poursuit Jeanne Strecker.
Valérie Strecker collabore durant 18 ans avec le Dr Joseph Mersch, qui réalise son tout premier accouchement en sa compagnie. Ce dernier ne cesse de louer les mérites de cette «femme exemplaire du milieu du 20e siècle, à la fois sage-femme, ménagère et mère». En 1973, alors que la profession de sage-femme libérale était en pleine mutation et après 37 ans de dévouement pour ses patientes, Valérie Strecker prend sa retraite.
La sage-femme meurt le 8 juin 2004 à l’âge de 89 ans à Esch-sur-Alzette.