Yolande, fille cadette du comte Henri 1er et de la comtesse Marguerite de Courtenay, naît en 1231, au château de Vianden. Dès l’âge de neuf ans, l’enfant, dotée d’une beauté rayonnante et d’une grande amabilité, refuse le plan d’un mariage arrangé et décide de consacrer sa vie à Dieu. A chaque visite chez sa tante, l’abbesse de Salines à Namur, Yolande demande son admission dans l’ordre. L’abbesse et sa mère coupent court à cette requête.
Lorsque les projets de mariage se concrétisent et que les parents partent à la recherche d’un aspirant, Yolande, abandonnée au château, reçoit le Prieur Walther von Meisenburg, qui séjourne souvent au château et lui demande conseil. Le prieur lui recommande d’entrer dans l’ordre mendiant des dominicaines, au Marienthal. La comtesse Yolande se résout à suivre ce conseil et tente même de passer outre les murs du château, avec l’aide de sa gouvernante Helswind. Cette entreprise est vouée à l’échec. De retour des négociations nuptiales, Marguerite cherche à parler de l’heureux élu à sa fille, mais la jeune dévote lui fait part de son refus catégorique de se marier et de son désir d’entrer dans les ordres. Une longue lutte commence et Yolande devra se battre plus de cinq ans contre sa famille avant d’entrer au cloître du Marienthal. La jeune comtesse ne lâche pas prise et boycotte la vie à la cour féodale. Les disputes s’amplifient jusqu’à la menace de Marguerite de marier sa fille de force ou de l’enfermer dans une tour. Yolande de Vianden reste ferme et tient bon contre les moqueries de sa famille et surtout de son frère.
Lors d’un voyage à Luxembourg, Marguerite de Courtenay visite l’abbaye à Marienthal, dont l’emplacement inhospitalier et les conditions de vie misérables la choquent profondément. Yolande demande à sa mère de voir le cloitre de ses propres yeux, une demande à laquelle sa mère cède finalement. Arrivées au Marienthal, Yolande réussit à échapper à l’emprise de sa mère, se coupe les cheveux et met la soutane. De violentes disputes éclatent jusqu’à la menace de brûler le couvent. La comtesse Yolande se voit forcée à retourner à Vianden. Ses parents l’enferment au château de Schönecken, où seul son frère (Prieur de la Cathédrale de Cologne) s’occupe d’elle. Le combat familial continue de faire rage mais Yolande de Vianden ne vacille pas. Le promis Walram II von Monschau rompt les fiançailles et finalement la mère concède à sa fille le droit d’entrer dans un ordre autre que celui du Marienthal. La dévote refuse ce compromis et les parents finissent par fléchir. Yolande prend le voile le 6 janvier 1248. En 1258, elle est nommée prieure de son monastère. Quand le comte Henri meurt à la croisade en 1252, Marguerite de Courtenay vient rejoindre sa fille au monastère. Yolande elle-même s’y éteint le 17 décembre 1283.
La ferme résolution d’Yolande de renoncer à la richesse et la puissance pour une vie d’austérité et de prière dans le monastère des dominicaines est inhabituelle, à cette époque. C’est sans doute pour cette raison que le frère dominicain Hermann von Veldenz écrit, vers 1290, une longue épopée sur la vie d’Yolande, qui la rend populaire au Luxembourg. Le manuscrit original, le Codex Mariendalensis, premier texte écrit en francique mosellan, est retrouvé en 1999. C’est actuellement le plus ancien manuscrit estimé précurseur de la littérature luxembourgeoise.
Le crâne d’ Yolande de Vianden se trouve dans un reliquaire en l’église des Trinitaires, à Vianden. Yolande est sanctifiée et son jour de fête est le 17 décembre.
Sources:
● Bruder Hermann: Yolanda von Vianden – molselfränkischer Text aus dem späten 13. Jahrhundert übersetzt und kommentiert von Gerald Newton und Franz Lösel, Institut Grand-
Ducal Section linguistique, d’ethnologie et d’onomastique, Luxembourg 1999.
● Lieux de mémoire au Luxembourg: Sonja Kmec, Pit Péporté, Editions Saint Paul, page 199.
● Multimediale Lehr- und Lernmaterialien zur Einführung in die historische Sprachwissenschaft - Universität Trier / Ältere deutsche Philologie.